Soja, une filière en croissance : quel intérêt dans les cultures ?

Le soja, culture d’avenir ? Avantages agronomiques, économiques et environnementaux d’une légumineuse clé pour les systèmes agricoles durables.

Mis à jour le 28/04/2025


La culture du soja s’impose de plus en plus comme un véritable atout pour les agriculteurs français. Avantageuse pour l’alimentation humaine et animale, cette légumineuse à graines joue également un rôle essentiel dans les systèmes agricoles durables. Grâce à ses propriétés agronomiques et environnementales, elle contribue à la réduction des intrants et à l’amélioration de la fertilité des sols. Retour sur cette culture à haut potentiel.


Un marché d’avenir ?

Le soja et les légumineuses, une origine commune

Le terme “légumineuses” désigne la famille de plantes dont le fruit est contenu dans une gousse. Parmi elles, on retrouve les lentilles, les haricots, les pois secs et le soja. Riches en fibres et en protéines, ces cultures ont longtemps constitué une part essentielle de l’alimentation humaine.

Cependant, leur culture en France a connu un fort déclin ces dernières décennies. Dans les années 1990, la surface de culture des légumineuses atteignait 700 000 hectares, avant de chuter à 313 000 hectares en 2020.

Pourquoi ce recul ?

  • Changements alimentaires et désintérêt des producteurs : L’amélioration du niveau de vie au cours des Trente Glorieuses a favorisé la consommation de viande, reléguant les légumineuses au second plan. Cette évolution a conduit à une baisse de la demande en légumineuses et, par conséquent, à une diminution de l’intérêt des producteurs pour ces cultures.

  • Priorisation d’autres cultures :
    Face à cette évolution de la demande et à une rentabilité moindre des légumineuses, les agriculteurs se sont tournés vers des cultures plus rémunératrices comme le blé et le maïs. En conséquence, la recherche variétale s’est concentrée sur ces grandes cultures stratégiques, retardant les avancées sur les légumineuses. Toutefois, avec les enjeux actuels d’autonomie protéique et de diversification des cultures, les sélectionneurs redoublent désormais d’efforts pour améliorer la compétitivité des légumineuses.





Un regain d’intérêt grâce aux politiques publiques

Depuis quelques années, les légumineuses, et en particulier le soja, reviennent au premier plan. En témoigne leur intégration dans la PAC 2023-2027 et le Plan Protéines Végétales lancé en 2021 par la France. L’objectif est clair : réduire la dépendance européenne aux importations de soja (90 % de la consommation européenne provient d’Amérique du Sud).

Les agriculteurs sont encouragés à intégrer le soja dans leur assolement par des dispositifs incitatifs comme :

  • L’écorégime : qui récompense les exploitants pour l’adoption de pratiques agricoles vertueuses.
  • La prime « Légumineuses à graines » : un soutien financier à la production.

Le soja, une culture stratégique

Un fort potentiel de valorisation

Le soja se distingue par son taux de protéines élevé (jusqu’à 45%), ce qui en fait une matière première précieuse pour l’alimentation animale. La filière française a d’ailleurs investi dans de nouveaux outils industriels, notamment des usines de trituration, pour transformer localement le soja en tourteaux et huiles.

Côté alimentation humaine, la demande progresse également, portée par l’essor des régimes flexitariens, végétariens et végétaliens.

Quelques chiffres clés

  • L’Union Européenne importe 15 millions de tonnes de soja et 16 millions de tonnes de tourteaux par an.
  • La France, 2e producteur européen, produit 440 000 tonnes de soja, mais en consomme 4,7 millions de tonnes.

La marge de progression est donc considérable.

Un bénéfice agronomique majeur

Fertilité des sols et autonomie azotée

Comme toutes les légumineuses, le soja est une plante fixatrice d’azote. Grâce à ses nodosites racinaires, il capte l’azote de l’air et le restitue au sol, enrichissant ainsi la culture suivante (ex : blé, orge). Cette caractéristique limite l’usage d’engrais azotés et contribue à la réduction des gaz à effet de serre.

Un atout pour la gestion des adventices

L’intégration du soja dans une rotation (ex : blé – colza – soja) permet de perturber le cycle des adventices et de limiter leur pression. De plus, cette culture est peu sensible aux maladies et aux ravageurs, réduisant ainsi le recours aux traitements phytosanitaires.

Peut-on cultiver du soja partout en France ?

Une culture adaptée aux climats français

Bien qu’originaire d’Asie, le soja s’est parfaitement adapté aux conditions françaises, grâce aux progrès génétiques. Il se développe du Sud au Nord de la France grâce à des précocités adaptées. Ainsi, en 2023, sur 160 000 ha de soja cultivés en France (Agreste), près de 9 % étaient produits au nord de Paris.

Les variétés sont sélectionnées selon la région :

  • Sud de la France (Aquitaine, Occitanie, PACA)  :
    variétés à cycle long (0, I, II).
  • Poitou-Charente, Centre France, Bourgogne-Franche-Comté, Alsace et Rhône-Alpes : variétés à cycle intermédiaire (00). Ex : Soflo.
  • Nord (Nord Pas de Calais, Picardie, Champagne-Ardenne, Lorraine : variétés à cycle court (000). Ex : Ceres PZO, Sokinto ou encore Soreta à découvrir dès 2026.


Conditions de réussite

Pour optimiser le potentiel du soja, il est conseillé de :

  • Semer dans un sol réchauffé et bien pourvu en eau.
  • Utiliser des semences certifiées et pré-inoculées avec Rhizobium pour une fixation optimale de l’azote.

Conclusion

La culture du soja présente de nombreux avantages agronomiques et économiques. Avec une filière en pleine structuration et des perspectives de développement réelles, le soja français a toute sa place dans les assolements. Son rôle dans l’indépendance protéique européenne en fait un choix stratégique pour les années à venir.