Soja, une filière en croissance : quel intérêt dans les cultures ?

La culture du soja s’impose de plus en plus comme un véritable atout. Avantageuse pour l’alimentation humaine et animale, cette légumineuse à graines se révèle aussi comme une véritable alliée au champ. Ses caractéristiques lui donnent le statut d’engrais vert, il participe ainsi à l’adoption de pratiques agricoles durables. Nous vous proposons de découvrir cette culture à haut potentiel.


Un marché d’avenir ?

A l’origine de la culture du soja, les légumineuses

Le terme “légumineuses” désigne la famille de plante dont le fruit est contenu dans une gousse. Elles se divisent en trois catégories : les lentilles, les haricots et les pois secs. Comestibles, riches en fibres et en protéines, elles sont parmi les premiers végétaux que l’Homme a domestiqués.

Une assiette de purée de pois chiche et une assiette de viande sont mises en parallèle

Bien qu’elles aient longtemps été au cœur de l’alimentation des Français, leur culture a connu un fort déclin ces dernières décennies : alors que la surface de culture des protéagineux représentait 700 000 hectares dans les années 1990 en France, elle avait déjà chuté d’un tiers dix ans plus tard, pour ne plus atteindre que 313 000 hectares en 2020. 

Les causes sont multiples : 

  • Après-guerre la France connaît une croissance économique inédite, les Trente glorieuses (1945-1975). Le niveau de vie augmentant, la viande a acquis une place de choix dans les assiettes. Au détriment des légumineuses, qui ont longtemps constitué les principaux repas des milieux les moins aisés. 
  • Laissées au second plan pendant la période d’Intensification agricole des années 1950, elles n’ont que rarement fait l’objet de programmes de recherche. Les progrès génétiques étant moindres et faute de rendement, les producteurs de légumineuses s’en sont aussi, peu à peu détournés. 

Un retour d’intérêt à l’échelle de l’Europe

On s’y intéresse de nouveau depuis quelques années : les légumineuses sont même au cœur de la PAC 2023-2027. L’Union Européenne nourrissant la même ambition d’indépendance en protéines végétales que la France qui a lancé son Plan Protéines en 2021, leur retour en cultures est encouragé par des décisions politiques fortes. 

Intégrer des légumineuses dans sa rotation permet de valider l’écorégime, aide attribuée aux exploitants qui adoptent des pratiques agricoles en faveur de l’environnement et du climat. Cela permet également de prétendre à une prime Légumineuses à graines, accordée par l’Etat. 

 

Le soja, particulièrement prometteur

Parmi les légumineuses, le soja se présente comme une culture particulièrement intéressante. Avec un taux de protéines qui peut atteindre 45%, il est largement plébiscité pour l’alimentation animale.  Des investissements importants de la filière dans de nouveaux outils industriels, notamment des usines de trituration, boostent l’attractivité de cette culture. L’alimentation humaine est un débouché secondaire, mais les perspectives de développement sont réelles, notamment portées par les changements dans les comportements alimentaires en Europe : accroissement des régimes sans viande

En quelques chiffres, l’Union européenne importe aujourd’hui 90% de sa consommation. En 2021, cela représentait 15 millions de tonnes de soja et 16 MT de tourteaux, rien que pour l’élevage. La France est le deuxième producteur européen et produit 440 000 T de soja chaque année, mais en consomme 4,7 MT.  

Les besoins sont grands et la filière est en pleine structuration. Le soja français et européen a une place à jouer.  

La culture du soja, un risque ?

C’est au champ que les autres atouts du soja se dévoilent. Cette plante est connue pour avoir des impacts très positifs sur les cultures, mais aussi sur l’environnement. 

Le soja, comme les autres légumineuses, contribuent à l’amélioration de la fertilité chimique et biologique des sols : il est fixateur d’azote. Grâce à des nodosités (mutations des poils absorbants des racines), il capte celui contenu dans l’air et assure sa propre nutrition. Véritable engrais vert, sa symbiose avec les bactéries Rhizobium lui permet d’en laisser dans le sol, en faisant profiter la culture suivante.  

L’intégration du soja dans une rotation culturale répond également à la problématique des adventices. En effet, intégrer cette culture de printemps dans votre rotation de culture d’automne (blé, colza, escourgeon) permet de perturber le cycle des adventices et ainsi limiter leurs développement. De plus, il est très peu sujet aux maladies et aux ravageurs.  

Nécessitant peu d’intrants, la culture du soja induit non seulement peu de charges, mais elle contribue aussi à la réduction d’émission de gaz à effet de serre. 

Des pousses de soja vertes au milieu d'un champ
Trois pieds de soja

Peut-on le cultiver partout ?

Une culture de tous les climats

L’intégration du soja, originaire d’Asie, dans les cultures françaises a commencé au cours du XXe siècle. Il est aujourd’hui cultivable dans tout le pays grâce au progrès génétique.  

Les sélectionneurs ont créé des variétés répondant aux spécificités climatiques des régions : dans le sud de la France, on utilise des variétés dites 0, I ou II, dont le cycle est très long. Pour le centre, on privilégie des cycles un peu plus courts, les 00. Des variétés dites 000, aux cycles très courts, ont été sélectionnées pour les régions du nord. 

Chez Florimond Desprez, l’offre variétale s’étoffe : après Ceres PZO (000), deux nouvelles variétés (00 et 000) pour le Nord et le Centre de la France sont en cours d’inscription et seront parfaitement adaptées aux principales zones de production, qui se trouvent en Alsace, Bourgogne et Région Rhône-Alpes.  

Quelques règles à respecter

Ainsi le soja est une espèce facilement cultivable partout en France, pourvu que la variété soit efficacement choisie. Il est toutefois préférable de le semer dans un sol réchauffé et possédant une bonne réserve hydrique. Et pour le bon fonctionnement des nodosités, de choisir des semences certifiées, pré-inoculées qui permettent d’avoir les bactéries nécessaires à la fixation de l’azote dans le sol.