Mis à jour le 11/04/2025
La culture du soja s’impose de plus en plus comme un véritable atout pour les agriculteurs français. Avantageuse pour l’alimentation humaine et animale, cette légumineuse à graines joue également un rôle essentiel dans les systèmes agricoles durables. Grâce à ses propriétés agronomiques et environnementales, elle contribue à la réduction des intrants et à l’amélioration de la fertilité des sols. Retour sur cette culture à haut potentiel.
Le terme “légumineuses” désigne la famille de plantes dont le fruit est contenu dans une gousse. Parmi elles, on retrouve les lentilles, les haricots, les pois secs et le soja. Riches en fibres et en protéines, ces cultures ont longtemps constitué une part essentielle de l’alimentation humaine. Elles font d’ailleurs partie des premiers végétaux que l’Homme a domestiqués.
Bien qu’elles aient longtemps été au cœur de l’alimentation des Français, leur culture a connu un fort déclin ces dernières décennies : alors que la surface de culture des protéagineux représentait 700 000 hectares dans les années 1990 en France, elle avait déjà chuté d’un tiers dix ans plus tard, pour ne plus atteindre que 313 000 hectares en 2020.
On s’y intéresse de nouveau depuis quelques années : les légumineuses, notamment le soja, sont même au cœur de la PAC 2023-2027. L’Union Européenne nourrissant la même ambition d’indépendance en protéines végétales que la France qui a lancé son Plan Protéines en 2021, leur retour en cultures est encouragé par des décisions politiques fortes. L’objectif est clair : réduire la dépendance européenne aux importations de soja (90 % de la consommation européenne provient d’Amérique du Sud)
Les agriculteurs sont encouragés à intégrer le soja dans leur assolement par des dispositifs incitatifs comme :
Parmi les légumineuses, le soja se présente comme une culture particulièrement intéressante. Avec un taux de protéines qui peut atteindre 45%, il est largement plébiscité pour l’alimentation animale. Des investissements importants de la filière dans de nouveaux outils industriels, notamment des usines de trituration (pour transformer localement le soja en tourteaux et huiles), boostent l’attractivité de cette culture. L’alimentation humaine est un débouché secondaire, mais les perspectives de développement sont réelles, notamment portées par les changements dans les comportements alimentaires en Europe : accroissement des régimes sans viande.
En quelques chiffres, l’Union européenne importe aujourd’hui 90% de sa consommation. En 2021, cela représentait 15 millions de tonnes de soja et 16 MT de tourteaux, rien que pour l’élevage. La France est le deuxième producteur européen et produit 440 000 T de soja chaque année, mais en consomme 4,7 MT.
Les besoins sont grands et la filière est en pleine structuration. Le soja français a donc une marge de progression considérable.
C’est au champ que les autres atouts du soja se dévoilent. Cette plante est connue pour avoir des impacts très positifs sur les cultures, mais aussi sur l’environnement.
Le soja, comme les autres légumineuses, contribue à l’amélioration de la fertilité chimique et biologique des sols : il est fixateur d’azote. Grâce à des nodosités (mutations des poils absorbants des racines), il capte celui contenu dans l’air et assure sa propre nutrition. Véritable engrais vert, sa symbiose avec les bactéries Rhizobium lui permet d’en laisser dans le sol, en faisant profiter la culture suivante (ex : blé, orge). Cette caractéristique limite l’usage d’engrais azotés et contribue à la réduction des gaz à effet de serre.
L’intégration du soja dans une rotation (ex : blé – colza – soja) permet de perturber le cycle des adventices et de limiter leur pression. De plus, cette culture est peu sensible aux maladies et aux ravageurs, réduisant ainsi le recours aux traitements phytosanitaires.
L’intégration du soja, originaire d’Asie, dans les cultures françaises a commencé au cours du XXe siècle. Il est aujourd’hui cultivable dans tout le pays grâce au progrès génétique.
Il se développe du Sud au Nord de la France grâce à des précocités adaptées. Ainsi, en 2023, sur 160 000 ha de soja cultivés en France (Agreste), près de 9 % étaient produits au nord de Paris.
Les variétés sont sélectionnées selon la région :
• Sud de la France (Aquitaine, Occitanie, PACA) : variétés à cycle long (0, I, II).
• Poitou-Charente, Centre France, Bourgogne-Franche-Comté, Alsace et Rhône-Alpes : variétés à cycle intermédiaire (00). Ex : Soflo.
• Nord (Nord Pas de Calais, Picardie, Champagne-Ardenne, Lorraine : variétés à cycle court (000). Ex : Ceres PZO, Sokinto ou encore Soreta à découvrir dès 2026.
Ainsi le soja est une espèce facilement cultivable partout en France, pourvu que la variété soit efficacement choisie. Il est toutefois préférable de le semer dans un sol réchauffé et possédant une bonne réserve hydrique. Et pour le bon fonctionnement des nodosités, de choisir des semences certifiées, pré-inoculées qui permettent d’avoir les bactéries nécessaires à la fixation de l’azote dans le sol.
La culture du soja présente de nombreux avantages agronomiques et économiques. Avec une filière en pleine structuration et des perspectives de développement réelles, le soja français a toute sa place dans les assolements. Son rôle dans l’indépendance protéique européenne en fait un choix stratégique pour les années à venir.