La betterave fourragère a occupé une place de choix dans la ration alimentaire des animaux d’élevage ces derniers siècles. Les années 1980 et 1990 ont cependant marqué un recul de cette culture.
Aujourd’hui, la betterave fourragère connaît un regain d’intérêt de la part des éleveurs qui redécouvrent ses atouts. Robuste, nutritive, économique et facile à valoriser, elle représente une alternative intéressante pour diversifier la ration des animaux, qu’il s’agisse de vaches laitières, de bovins viandes, d’ovins ou de caprins.
Nous vous proposons un tour d’horizons des avantages que présente cette culture pour votre élevage !
La betterave est l’une des rares plantes fraîches que les animaux peuvent consommer en plein hiver. Ils l’apprécient autant que les éleveurs qui la cultivent ! Vincent Dupire, agriculteur et éleveur dans le Pas-de-Calais, qui l’intègre dans la ration hivernale de ses vaches allaitantes, peut en témoigner : « Elle me permet d’avoir un gros volume de fourrage à distribuer avec très peu de surface de culture ».
La betterave fourragère permet de produire entre 18 000 et 20 000 unités fourragères (UF) par hectare, ce qui en fait un complément idéal aux rations hivernales à base d’herbe, de foin ou de maïs, permettant de couvrir facilement les besoins énergétiques des bêtes.
En favorisant la mastication et la salivation, et en apportant des sucres fermentescibles, elle contribue à améliorer la digestibilité globale et donc la valorisation de la ration. Cet effet positif sur la digestion a des répercussions directes sur la santé des animaux et la qualité des produits d’origine animale.
« La betterave fourragère éloigne le vétérinaire », comme le dit l’adage ! Bien que les effets soient difficiles à quantifier, les éleveurs constatent une réduction des problèmes sanitaires chez leurs animaux lorsqu’ils intègrent la betterave à leur ration alimentaire.
Outre un poil bien lisse, ils observent une meilleure expression des chaleurs chez les vaches et une diminution des vêlages délicats.
Comme mentionné précédemment, la betterave stimule le métabolisme des animaux, notamment en augmentant la salivation et la mastication, ce qui améliore la digestibilité globale de la ration. Une étude menée en 2020 par l’INRAE a aussi montré que l’introduction de betteraves fourragère dans l’alimentation des vaches laitières permet de réduire de 10 % les épisodes d’acidose (responsable de troubles tels que les mammites et la boiterie) par rapport aux rations classiques.
Enfin, la betterave constitue une excellente source nutritionnelle pour la microflore de la panse.
Des animaux en bonne santé, c’est la promesse de produits d’origine animale de qualité !
Lorsque la betterave fourragère est incluse dans la ration d’un élevage laitier, les taux protéiques et butyreux du lait augmentent de 1 point ! Selon une étude de l’Institut de l’Élevage sur son impact en production laitière, le taux de beurre augmente également de 2 à 3 points. Ce gain en qualité du lait s’accompagne d’une stabilisation de la production.
Eleveurs et bouchers constatent que la betterave fourragère améliore aussi la qualité de la viande, influençant positivement le poids des carcasses et le taux de matière grasse.
Introduire la betterave fourragère dans la ration est donc une garantie de performances technico-économiques intéressantes pour l’élevage.
L’ajout de la betterave fourragère dans les rations animales permet de réduire l’apport en concentrés, des aliments très énergétiques souvent utilisés pour compléter la ration quand l’herbe ou les fourrages ne couvrent pas suffisamment les besoins nutritionnels, notamment en hiver.
Grâce à sa haute teneur en énergie, elle permet de diminuer en moyenne de 200 kg la quantité de concentrés par vache laitière, ce qui représente une économie de 50 à 60 euros par animal, par période de distribution (de novembre à mars).
Comme il a été mentionné par ailleurs, la betterave fourragère ayant des bénéfices sur la santé animale, elle permet aussi de réduire les frais vétérinaires.
La betterave fourragère est donc non seulement un atout économique, mais elle permet également de mieux valoriser les produits d’origine animale. Selon les témoignages des éleveurs et les études sur la santé animale précédemment mentionnés, intégrer la betterave fourragère dans la ration des bêtes améliore les caractéristiques organoleptiques du lait et de la viande, augmentant ainsi leur valeur marchande.
Bien que l’on puisse imaginer que ces bénéfices s’obtiennent au prix de contraintes importantes, la culture de la betterave fourragère s’intègre pourtant facilement dans les pratiques d’une exploitation.
Longtemps, la betterave fourragère a été perçue comme une culture contraignante pour les éleveurs. Peu adaptée à une mécanisation à grande échelle, elle a d’ailleurs été délaissée au profit du maïs ensilage, soutenu par les aides de la PAC dans les années 1980 et 1990. Aujourd’hui, cette culture est entièrement mécanisable !
Vincent Dupire la cultive depuis longtemps : « Pour moi, ce n’est pas une contrainte car je l’intègre dans mes betteraves sucrières. Pour le semis, le désherbage et le traitement, tout est fait ensemble. On ne différencie que l’arrachage ».
Les machines modernes permettent un semis rapide et précis, tandis que la récolte peut se faire en une seule opération grâce à des équipements spécialisés. La sélection variétale a aussi introduit des variétés monogermes, où chaque graine ne produit qu’une seule plantule, réduisant ainsi le besoin d’interventions manuelles comme le démariage. Cela diminue la main-d’œuvre requise et les coûts associés.
La betterave fourragère se distingue également par sa capacité à être conservée facilement. Grâce à sa structure, les racines fraîches peuvent être stockées dans des silos sans risquer la fermentation, ce qui assure une qualité optimale du fourrage pendant plusieurs mois. Cette méthode de conservation permet aux éleveurs de disposer d’une alimentation de qualité pour leurs animaux durant la période hivernale, une période où la disponibilité des fourrages frais est limitée. Le stockage en silo évite la perte de valeur nutritive tout en conservant une bonne appétence pour les animaux.
La betterave fourragère est une culture annuelle semée au printemps et récoltée à l’automne. D’un point de vue agronomique, l’introduire dans la rotation permet de diversifier les cultures mais aussi de mieux répartir les pointes de travail en espaçant efficacement les semis et les récoltes.
Très productive, elle ne nécessite pas l’allocation de grandes surfaces.
C’est aussi une culture qui laisse un sol propre après la récolte ! Elle agit comme un véritable piège à nitrates, limitant les risques de pollution des nappes phréatiques. Grâce à ses racines profondes, la betterave fourragère est capable de capter l’azote du sol tard dans la saison, réduisant ainsi le lessivage et préservant la qualité des sols et des eaux.
Face aux aléas climatiques, la betterave fourragère est étonnante ! Alors qu’elle semble faner en cas de sécheresse ou de forte chaleur, elle possède en réalité une très bonne capacité de compensation et d’adaptation. Si le rendement peut être affecté par le manque d’eau, la qualité nutritionnelle de la racine, elle, reste stable.
Sa capacité à récupérer rapidement après une période de stress en fait un atout pour diversifier et sécuriser les systèmes agricoles face aux défis climatiques de plus en plus fréquents.
La sélection variétale a joué un rôle central dans la réintroduction de la betterave fourragère dans les rations des élevages. La création de betteraves monogermes, il y a une cinquantaine d’années, a grandement facilité la gestion de cette culture : chaque graine ne produisant qu’une seule plantule, le travail de démariage est simplifié et les récoltes sont désormais plus homogènes.
L’amélioration génétique a également permis de créer des variétés offrant une résistance (ou une tolérance) accrue aux maladies, réduisant les besoins en traitements phytosanitaires et augmentant la rentabilité. Des pathogènes comme le rhizoctone brun, la rhizomanie et la cercosporiose sont désormais bien mieux maîtrisés.
Florimond Desprez a développé des variétés pour faire face à ces défis. Par exemple, Brunium se distingue par sa tolérance au rhizoctone brun, Lempa à la rhizomanie. Foribo est double tolérante à ces deux maladies, offrant ainsi une solution polyvalente pour les éleveurs. De plus, face à la problématique croissante de la cercosporiose, nous proposons également Cariko.
Les progrès variétaux ont enfin permis de sélectionner des betteraves plus productives et mieux adaptées aux conditions climatiques extrêmes, comme la sécheresse et les fortes chaleurs, de plus en plus fréquentes.
Grâce à ces avancées, la betterave fourragère retrouve une place de choix dans les rotations modernes, en complément de cultures comme le maïs, et constitue une solution économique et respectueuse de l’environnement pour les exploitants !